Écriture inclusive : comment saluer de manière universelle avec ‘bonjour à tous’

L’emploi du masculin comme forme générique est inscrit dans les codes grammaticaux du français depuis le XVIIe siècle. Pourtant, cette règle fait aujourd’hui l’objet de remises en question, notamment dans les milieux institutionnels et professionnels. Certains guides de rédaction recommandent désormais d’éviter l’expression « bonjour à tous » pour privilégier des formulations jugées plus inclusives.

Des débats persistent sur la portée réelle de ces recommandations, tandis que les pratiques varient selon les contextes. L’équilibre entre clarté, neutralité et respect de la diversité linguistique alimente une réflexion continue sur les usages à adopter.

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Écriture inclusive : de quoi parle-t-on vraiment ?

La langue française avance, change, se remet en cause. À travers l’écriture inclusive, une volonté émerge : rendre visibles toutes les personnes, femmes, hommes et celles qui ne se reconnaissent dans aucune de ces cases. Sous cette bannière, plusieurs pratiques se côtoient : féminisation des noms de métiers, double flexion, utilisation du point médian (« les salarié·es »), ou encore la réécriture épicène.

Depuis la fin du XIXe siècle, la féminisation des noms suscite des débats. Des linguistes tels qu’Éliane Viennot ou Bernard Cerquiglini défendent une langue qui inclut, tandis que l’Académie française garde ses distances. En 2017, l’institution alertait sur un « péril mortel » pour le français, tout en admettant la légitimité de la discussion. Mais la grammaire du français inclusif va bien au-delà du choix entre masculin et féminin : elle interroge les équilibres, la représentation des groupes sociaux, la capacité de la langue à s’ajuster à la société d’aujourd’hui.

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L’interdiction de l’écriture inclusive dans certains manuels scolaires ou documents officiels n’a pas mis fin à la discussion. Sur les campus, dans les associations, au sein des entreprises, la pratique du langage inclusif s’enracine peu à peu. Point médian, formulations neutres : ces usages provoquent des interrogations, des essais, parfois des crispations. Mais la question reste entière : comment faire du français un outil d’égalité, sans perdre en clarté ni en naturel ?

Pourquoi « bonjour à tous » pose question : enjeux, débats et exemples concrets

Dire « bonjour à tous » semble anodin. Pourtant, cette salutation cristallise les tensions autour du langage inclusif. S’en tenir au masculin générique a longtemps signifié, de fait, l’invisibilisation de la moitié de l’auditoire : femmes, mais aussi personnes non-binaires. Depuis le début des années 2000, la formule alimente les polémiques et fait l’objet de nouvelles recommandations, notamment dans les médias, les institutions, les entreprises.

Les critiques rappellent que la langue française s’est construite sur l’idée que « le masculin l’emporte sur le féminin ». Exemple frappant : à la SNCF, on entend désormais « Mesdames, Messieurs, bonjour » plutôt que « bonjour à tous ». La mairie de Paris, elle, promeut des salutations inclusives dans les prises de parole publiques. À Charleville, le conseil municipal a choisi un « bonjour à toutes et à tous », ouvrant la porte à d’autres alternatives.

La question de l’invisibilisation dépasse l’univers officiel. Dans les écoles, les associations, sur les lieux de travail, des femmes et des minorités de genre s’interrogent sur leur place dans le discours quotidien. Remettre en cause le masculin générique n’est pas un simple effet de mode : il s’agit d’une revendication pour une représentation équitable dans la langue.

Selon le contexte, on observe plusieurs situations concrètes :

  • Dans l’entreprise : la formule « Bonjour à toutes et à tous » s’installe, parfois encouragée par les équipes elles-mêmes.
  • Dans les médias : le débat divise, notamment lors des échanges entre linguistes et responsables politiques.
  • À l’école : les enseignants testent de nouveaux usages, entre instructions officielles et attentes des élèves.

Mains de différentes teintes en poignée de main ou geste d

Vers des salutations universelles : alternatives inclusives et astuces au quotidien

Dépasser le masculin générique dans nos salutations demande de repenser ses habitudes, parfois au prix de quelques tâtonnements. Pourtant, des alternatives prennent racine, portées par celles et ceux qui souhaitent s’adresser à chaque personne, quelle que soit son identité de genre. Les réflexions de linguistes comme Maria Candea ou Raphael Haddad tracent des pistes : pour une équité dans la langue, il faut réinventer les formules du quotidien.

Plusieurs expressions gagnent en visibilité. La classique « Bonjour à toutes et à tous » s’impose dans de nombreux discours publics. D’autres, plus neutres, comme « Bonjour à tout le monde » ou « Bonjour à chacun·e » évitent toute référence au genre. Certaines structures, associations ou universités optent pour « Bonjour à toutes, tous et à chacun·e », intégrant les personnes non-binaires. Dans les milieux militants, le mot-valise « toustes » circule, même s’il reste rare dans la vie courante. Enfin, la formulation épicène, en misant sur des expressions globales comme « bienvenue » ou « bonjour à l’équipe », permet d’éviter la question du genre tout en restant naturelle.

Voici quelques exemples de formules à envisager :

  • « Bonjour à toutes et à tous » : inclusif pour femmes et hommes, mais reste binaire.
  • « Bonjour à tout le monde » : expression neutre, utilisable partout.
  • « Bonjour à chacune et chacun » : met l’accent sur l’individu.
  • « Bonjour à toustes » : terme militant, usage encore marginal.

La réformulation régulière, proposée dans certains guides pratiques ou ouvrages comme ceux des éditions iXe, permet d’ajuster son langage selon les situations : réunion, mail, communication publique. S’exprimer en inclusif, c’est interroger chaque mot, sortir du réflexe. Le débat se poursuit, mais la dynamique est lancée : l’adoption du langage inclusif s’impose comme une question de représentation et de respect pour chacun.

Le français navigue à vue entre tradition et mutation. Nos formules de politesse, elles aussi, racontent le visage changeant d’une société qui ne veut plus laisser personne sur le bord du chemin. La prochaine fois que vous saluerez un groupe, quelle place choisirez-vous de donner à chacun dans vos mots ?