Le féminin ne se contente pas d’une terminaison toute faite. Derrière « fermier », il y a un choix, une histoire, des usages qui parfois s’entrechoquent. La langue française, loin d’être figée, laisse quelques portes entrouvertes, et c’est là que naît la nuance.
La terminaison -ier n’aboutit pas forcément à -ière selon le mot concerné. Parmi ces termes, « fermier » montre comment certains noms changent sans suivre une règle automatique. On retrouve bien la logique avec « portier » ou « banquier », qui adoptent tranquillement le -ière, alors que d’autres termes comme « policier » hésitent ou s’y refusent, laissant la porte ouverte à la coexistence de plusieurs formes, ou à une absence de féminin reconnu.
Devant cette palette inégale, chacun cherche des repères entre la création régulière et le retour à d’anciennes formes peu fréquentes. Même les dictionnaires et grammaires sont loin de l’unanimité : la réponse varie d’un ouvrage à l’autre et la langue, fidèle à elle-même, s’adapte au fil du temps.
Plan de l'article
Pourquoi la féminisation des noms reste un enjeu en français
La féminisation des noms de métiers dépasse de loin les questions de grammaire. À travers l’écriture du féminin des noms, c’est toute la question de la reconnaissance des femmes qui émerge, en particulier dans les métiers agricoles. Employer le mot « fermière » n’est pas neutre ; c’est affirmer la présence, l’implication et la réalité de femmes longtemps restées à l’arrière-plan. Mais ça bouge : plus nombreuses, plus visibles, elles prouvent chaque jour leur légitimité.
Dans l’agriculture, la marche est parfois haute : de véritables freins subsistent, à la fois dans l’organisation du secteur et dans la culture. Des initiatives ambitieuses naissent pour accompagner celles qui veulent défendre leur place, c’est ainsi qu’aujourd’hui, la féminisation de « fermier » prend une dimension concrète. D’ailleurs, un chiffre de la Mutualité sociale agricole rappelle sans détour la rudesse du métier : les agriculteurs affichent un risque de suicide supérieur de 40 % à la moyenne. Derrière les mots et leur genre, ce sont bien des vies qui se jouent.
Nommer, c’est reconnaître. Quand le féminin est ignoré, c’est toute une réalité rurale qui s’efface. La langue se fait ainsi porte-voix de celles et ceux qui refusent qu’on les confonde ou qu’on les invisibilise. Choisir la féminisation, c’est tracer leur présence sur la carte du vocabulaire et du quotidien des campagnes.
Voici en quoi la féminisation change concrètement la donne :
- Elle accroît la représentation des femmes, que ce soit sur la scène publique ou dans le travail.
- Elle étoffe le lexique professionnel et assure une visibilité réelle du féminin dans l’usage courant.
- Elle va de pair avec l’évolution de la société, des parcours individuels et d’un mouvement collectif d’émancipation.
Fermière ou fermierice ? Les règles qui font la différence
La formation du féminin des noms de métiers répond d’abord à des principes précis, forgés par l’histoire du français. Pour « fermier », la transformation est limpide : on ajoute un -e, et le mot devient « fermière ». Même structure que « boulangère », « bouchère » ou « bergère ». La proposition « fermierice », parfois citée par provocation ou dans un but militant, ne s’est jamais imposée dans la langue écrite ou orale, ni au sein des ouvrages de référence.
Le choix de la terminaison féminine découle généralement de celle du masculin, selon ces schémas :
- Les mots en -ier passent en -ière : fermier / fermière, couturier / couturière.
- Ceux en -teur évoluent en -trice (inventeur / inventrice) ou -teuse (menteur / menteuse), selon leur histoire.
- Les mots en -eur se déclinent en -euse : chanteur / chanteuse.
Rien n’est jamais totalement figé en français. Certaines formes féminines ont mis du temps à se frayer un chemin, parfois ralenties par l’administration ou des habitudes journalstiques. L’introduction de nouveaux féminins ne fait pas toujours l’unanimité, mais finit par confirmer le rôle des femmes dans tous les domaines.
Ce qui domine ici, c’est la logique : « fermière » coule de source, se greffe sur la structure historique du français, parle d’elle-même. À l’inverse, « fermierice » reste hors course, si l’on en croit les usages. En somme, la langue évolue, mais sans perdre de vue ses points d’ancrage.
Exemples concrets : former le féminin de “fermier” et d’autres métiers
Écrire le féminin d’un fermier, c’est former le mot « fermière ». Cette forme est pleinement acceptée et mobilisée par des professionnelles comme Mathilde Jonet, Cécile Bossan ou Valérie Léguereau, figures emblématiques de l’agriculture au féminin. L’agriculture n’est d’ailleurs pas une exception, d’autres professions suivent la même dynamique.
Pour donner un aperçu du mécanisme, voici quelques situations représentatives :
- Directeur devient directrice, comme Clémence Ducroquet, directrice associée dans le domaine laitier.
- Cultivateur passe à cultivatrice, à l’exemple de Céline Imart, administratrice agricole.
- Chanteur évolue en chanteuse.
- Berger donne bergère.
- Menteur se féminise en menteuse.
- Le cas du mot maître, dont le féminin consacré « maîtresse » s’éloigne du modèle habituel du -e final.
Ce mouvement accompagne des changements dépassant le cadre linguistique. Sur le terrain, des femmes soutenues par des dispositifs d’accompagnement osent la voie de la modernisation des métiers agricoles. Certaines gèrent des exploitations de plus grande taille, optent pour l’innovation et font bouger les lignes. La féminisation des intitulés n’est que le reflet de ces parcours affirmés.
Petits exercices pour s’entraîner à féminiser correctement
L’appropriation des règles de féminisation des noms de métiers passe par la pratique. Les métiers varient, tout comme leur terminaison, il faut donc s’adapter chaque fois. Pour s’exercer concrètement, voici quelques activités à tester :
- Transformez ces noms masculins en leur forme féminine :
- un fermier
- un cultivateur
- un directeur
- un chanteur
- un menteur
- Dans un article ou un rapport, repérez trois métiers couramment exprimés au masculin et recherchez leur équivalent au féminin.
- Rédigez une phrase valorisant une fermière d’aujourd’hui, active et reconnue dans son domaine.
Mise en contexte
La féminisation des titres met en avant la montée en puissance des femmes dans l’agriculture. Plusieurs dirigeantes actuelles s’affichent fièrement sous une forme féminine, parmi lesquelles Mathilde Jonet, Cécile Bossan, Valérie Léguereau, autant de parcours où la grammaire suit l’audace. Lors de la rédaction, l’enjeu consiste à privilégier l’usage cohérent, éviter les innovations farfelues du type « fermierice » et s’en tenir à la réalité reconnue par la langue française.
Testez ces exercices, seul ou en collectif, à l’oral et à l’écrit. La langue bouge, vit, s’ajuste à l’époque, portée par celles et ceux qui innovent au quotidien. Faire entendre le féminin, c’est garantir que chaque trajectoire puisse trouver sa juste dénomination, sans raccourci ni invisibilité.


